Option Latin

Des programmes fondés sur la confrontation entre mondes anciens et monde moderne

Soucieux de donner des repères intellectuels qui vont au-delà du contexte immédiat de leur environnement, les programmes de langues et cultures de l’Antiquité au lycée visent à présenter la littérature et la culture antiques, d’une part, médiévales, modernes et contemporaines, d’autre part, comme des horizons réciproques afin de permettre aux élèves d’aujourd’hui de mieux se comprendre et de mieux se situer dans le monde. Il ne s’agit ni d’actualiser ni de rajeunir la civilisation antique en la rendant identique à la nôtre, mais plutôt de revisiter les modes de vie et de pensée des Anciens afin d’en percevoir autant la singularité que la proximité à la lumière de la modernité.

Travailler de manière méthodique sur les différences et les analogies de civilisation, confronter des œuvres de la littérature grecque ou latine avec des œuvres modernes ou contemporaines, françaises ou étrangères, conduit à développer une conscience humaniste ouverte à la fois aux constantes et aux variables culturelles. Par exemple, l’étude des polythéismes anciens mis en parallèle avec les religions monothéistes permet d’observer que les Anciens, Grecs et Romains, ont élaboré la représentation d’un monde complexe dans ses rapports entre humain et divin : cela nous éclaire notamment sur les diverses manières d’appréhender les religions, en incitant au respect et à la tolérance.

De l’antique au moderne, du moderne à l’antique, la confrontation d’œuvres latines ou grecques avec des œuvres contemporaines est le point de départ de la réflexion conduite lors de la mise en œuvre de l’objet d’étude. À titre d’exemple, la mise en regard des élégies antiques et des poèmes d’amour contemporains (comme ceux d’Apollinaire et de Bob Dylan), le pouvoir de la parole dans un contexte politique (Démosthène et Cicéron face aux discours d’acteurs politiques modernes et contemporains, comme ceux d’André Malraux, de Simone Veil ou de Barack Obama) ou encore la mise en œuvre de la rhétorique dans les concours d’éloquence.

D’une manière générale, l’ouverture vers le monde moderne et contemporain constitue l’un des principes essentiels des programmes de langues et cultures de l’Antiquité dont l’étude, constitutive d’une solide et indispensable culture générale, n’est pas réservée aux seuls élèves qui se destinent à des études littéraires.

Des programmes fondés sur une pratique renouvelée de la traduction

La traduction, entendue au sens large, est au cœur de ces programmes. Elle est l’opération fondamentale par laquelle une culture, un groupe ou un individu s’approprie et assimile un message ou une réalité qui lui sont étrangers. Cet exercice, sous toutes ses formes, dépasse le cadre traditionnel de la version et conduit à développer des pratiques de traduction contextualisée. Sous la conduite du professeur, les élèves repèrent et identifient les éléments signifiants essentiels d’un texte, préalable indispensable à la pratique progressive et autonome de la traduction proprement dite.

À cet effet, une progression dans l’apprentissage est proposée pour conduire les élèves vers l’indispensable connaissance de la syntaxe, de la morphologie et de la morphogénèse du lexique. Il importe également, dans les évaluations, de donner pleinement leur part à des questions portant sur la compréhension et l’interprétation des textes antiques, modernes et contemporains proposés en confrontation, et d’offrir la possibilité à l’élève de rédiger un texte personnel lié à la thématique étudiée.

Aussi ces programmes, sans réduire aucunement la part cruciale de l’apprentissage de la langue qui demeure un enjeu fort, mettent-ils l’accent sur les lectures suivies en latin et en grec, en édition bilingue, de manière à rendre possible une réelle confrontation des œuvres antiques avec nos textes modernes et contemporains. Pour l’apprentissage de la langue, le professeur utilise les textes supports des objets d’étude, qu’il peut adapter et simplifier selon la situation pédagogique. Les œuvres des auteurs antiques peuvent être étudiées, à partir d’extraits conséquents, par la comparaison de traductions qui éclaire le texte original. Outre les analyses littéraires, historiques et anthropologiques liées à la thématique étudiée, on travaille, tout au long de l’année, les thèmes et les textes selon les perspectives suivantes :

  • la confrontation des œuvres antiques, modernes et contemporaines, françaises et
    étrangères ;
  • l’étude de mots-concepts impliquant une connaissance lexicale et culturelle (par
    exemple, phusis et natura, politès et ciuis, erôs et amor, technè et ars, etc.) ;
  • l’étude de grandes figures mythologiques, historiques et littéraires emblématiques ;
  • la présentation de grands repères chronologiques et événementiels sous la forme
    d’une frise historique la plus simple et efficace possible ;
  • la connaissance des grands repères géographiques et culturels par la confrontation des espaces antique et contemporain, en particulier dans l’objet d’étude « Méditerranée ».

Des programmes fondés sur une approche interdisciplinaire propre aux langues et
cultures de l’Antiquité

Ces programmes ouvrent résolument une perspective culturelle combinant les disciplines constitutives de la connaissance de l’Antiquité. Associant les questions de langue et les enjeux de civilisation, la littérature et l’histoire, cet enseignement se place au carrefour des sciences humaines et sociales ; dépassant les approches strictement linguistiques ou formalistes, il envisage dans son ensemble le cadre et les contenus culturels. L’enjeu n’est pas de former des anthropologues, mais de faire comprendre aux élèves comment des structures naturelles, sociales et psychologiques s’articulent pour former la complexité du réel. Il s’agit de les aider à mieux comprendre les situations et les processus culturels, individuels et collectifs, à acquérir les repères et connaissances historiques essentiels, à élaborer leur propre représentation du monde. Par leur esprit et par leur objet, les langues et cultures de l’Antiquité contribuent à la construction d’une conscience individuelle humaniste et moderne.

Des programmes fondés sur les grands enjeux contemporains

Les objets d’étude proposés dans les programmes, année après année, ont été conçus pour répondre aux questions légitimes qu’un élève d’aujourd’hui peut se poser sur lui même, sur la société, sur le politique, sur les choix de civilisation, sur le monde et les grands enjeux contemporains. Ils s’adressent certes aux élèves se destinant à des études littéraires, mais aussi à ceux qui envisagent un cursus scientifique, des études de sciences politiques ou économiques. La perception des permanences, des différences et des rémanences est au cœur de l’enseignement optionnel et de l’enseignement de spécialité : ils traitent de manière complémentaire ces grandes questions propres aux Humanités, entendues ici comme formation culturelle générale, humaniste et citoyenne.

Les cadres d’étude et les pistes proposés sont les mêmes pour le monde grec et le monde romain. Néanmoins, chacune de ces cultures ayant ses spécificités, il importe de les mettre en avant dans le choix et le traitement des œuvres et des documents étudiés.

  • En classe de seconde, c’est d’abord un questionnement sur l’Homme lui-même qui est proposé aux élèves : qu’est-ce qui fait le propre de l’Homme ? Comment devenir pleinement humain ?
  • En classe de première, la réflexion se poursuit avec un questionnement sur la cité, le politique et le sacré, l’individu en société dans toutes les formes de relations, privées et publiques.
  • En classe terminale, l’approche humaniste, dans le sens plein du terme, s’élargit aux interrogations philosophiques, scientifiques et religieuses portant sur la place de l’Homme dans l’Univers. Elles invitent à une réflexion sur les défis de l’humanisme aujourd’hui. Dans les trois classes, l’axe « Méditerranée » propose, dans le prolongement des notions étudiées, une mise en valeur d’un espace géographique et historique fondateur, dans ses principes, son évolution et sa cohésion.

Ces programmes souhaitent ainsi montrer que l’enseignement du latin et du grec est à la confluence des savoirs d’aujourd’hui et au service d’un approfondissement de la culture contemporaine.